Au nom du maintien de l'ordre
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Une enquête qui s’est étirée sur trois ans, des gilets jaunes jusqu’aux manifestations écologistes allemandes de Garzweiler, en passant par le mouvement Black Lives Matter aux USA. Des tournages immersifs, permettant de décrypter l’action. Des responsables policiers, décrivant les effets de bascule. Comment la doctrine du maintien de l’ordre s’est militarisée partout sur la planète. Nasses, arrestations systématiques, contact rapproché vont de pair avec la diffusion massive, sur toute la planète de fusils à balles en caoutchouc. Une stratégie qui multiplie les mutilés et pose la question des libertés publiques.
AU NOM DU MAINTIEN DE L’ORDRE
une série documentaire de Paul Moreira
Comment les manifestations traditionnelles syndicales du 1er mai, où l’on pouvait venir avec un bébé dans une poussette, sont-elles devenues des affrontements spectaculaires ? Comment les policiers d’antan, avec un casque et un bâton en bois, se sont-ils transformés en cowboys de l’espace avec des bazookas en plastique et des balles en caoutchouc ? Comment se fait-il que cette évolution vers des clashs de plus en plus répétés soit devenue planétaire ?
L’enquête s’est étirée sur trois ans, des gilets jaunes jusqu’aux manifestations écologistes allemandes de Garzweiler, en passant par le mouvement Black Lives Matter aux USA. Des tournages immersifs, permettant de décrypter l’action, nous portent d’un point de vue à un autre. Il donne la parole à des responsables ou d’anciens responsables policiers, décrivant les effets de bascule. Le 8 décembre 2018 est raconté par le préfet qui prend la décision de sortir les blindés pour la première fois dans la capitale parisienne, contre les gilets jaunes. La doctrine change pour toujours. C’est celle qu’on retrouve dans les manifestations de mars 2023 contre la réforme de la retraite. Nasses, armes non léthales, arrestations systématiques, contact rapproché. A rebours de la mise à distance qui a été pendant des années le maintien de l’ordre à la française.
Cette militarisation, elle commence sans doute à Seattle, au sommet de l’OMC, pendant les manifestations altermondialistes de 1999. Nous avons retrouvé le chef de la police de l’époque, Norm Stamper, celui qui a donné l’ordre de gazer la foule et d’amener les tanks. « Sans doute la pire erreur de ma carrière ». Stamper est devenu un ardent réformateur de la police. Le film révèle comment, aux USA, Trump a choisi de traiter les manifestations BLM à l’aide de l’Anti-Terrorist Joint Force. Le Pentagone a identifié une insurrection nouvelle, la Zbellion, de la génération Z. Révolte anti-système sans leaders, comparable aux Gilets Jaunes ou aux Black Blocks en Europe. Un commandant de CRS avoue être désemparé face à ces colères multiples, à « 360 degrés », où les codes anciens ont disparu.
Enfin, la tendance à l’utilisation des fusils à balles en caoutchouc, une arme dangereuse, est planétaire. Face à des armes de plus en plus mutilantes, se pose le problème de la responsabilité du tir. Il est très difficile à établir. Les manifestants résistent avec leurs téléphones portables. Amplifiées par les réseaux sociaux dans un déluge fractal de millions d’images violentes, les manifestations occupent désormais un espace nouveau dans la conscience collective. La peur et la révolte se répandent mais aussi une nouvelle prise de conscience de la nécessité d’un grand débat autour des libertés publiques.
Débat que cette série espère nourrir.
Episode 1
«RECULEZ !… »
Pendant les émeutes des gilets jaunes en France, on a vu pour la première fois des tanks face à des manifestants dans les rues de Paris. La police se militarise. Et le phénomène se retrouve un peu partout sur la planète : les manifestations écologistes en Allemagne, Black Lives Matter, aux USA, l’estallido social au Chili. Comment a-t-on glissé du contrôle des foules à une guerre de basse intensité ? Le film tente de donner une réponse à cette question à travers une immersion dans des manifestations violentes en France, en Allemagne et aux États Unis, ainsi qu’à travers des interviews de responsables policiers. Une enquête qui souligne une dérive sécuritaire généralisée du maintien de l’ordre et un recul des libertés publiques.
Episode 2
« PRESQUE MORTEL »
L’arme du nouveau contrôle des foules tout autour du monde, c’est le fusil à balles en caoutchouc. Partout, les policiers se sont habitués à épauler et tirer sur des manifestants. Un geste qui avait disparu. Les armes dites à létalité atténuée tuent moins… Mais elles mutilent. Des centaines de manifestants sont éborgnés.
Nous avons mené une enquête sur ces fusils apparus partout depuis dix ans. Des armes qui avaient été d’abord utilisées dans un contexte colonial puis dans les ghettos et maintenant contre des citoyens lambda. Les policiers tirent et quand ils blessent, ils dissimulent l’auteur du tir. Leur commerce est totalement dérégulé. Face à cela, l’arme des citoyens, c’est le téléphone portable. Le contre-pouvoir se répand massivement. Balles en caoutchouc contre vidéos.