Auto-entrepreneurs, tous patrons ou tous pigeons ?
Il y un an devant un panel de Français sur TF1, Nicolas Sarkozy venait vendre sa politique économique. Ce jour-là, la chaîne a soigneusement choisi une jeune auto entrepreneuse, Elodie, organisatrice de mariages, heureuse d’avoir démarré son affaire avec ce nouveau statut au régime fiscal avantageux. Pour Nicolas Sarkozy, ce régime, c’est l’une des solution pour résorber le chômage, l’auto entrepreneur est en passe de devenir un « phénomène de société ». Deux après la création de ce statut, 600 000 personnes en France ont créé leur auto entreprise. Jean-Louis Pérez a enquêté pour Spécial Investigation et découvert un autre visage de ce régime. Derrière le succès apparent, se cachent de nombreuses dérives et une nouvelle forme de précarité. Certains patrons se servent de ce statut pour éviter d’embaucher des salariés en contrat classique et ainsi faire des économies sur les charges sociales. D’autres se débarrassent de leurs employés en CDI pour les refaire travailler immédiatement en auto entrepreneur, sans aucune sécurité de l’emploi. Jean-Louis Pérez a notamment suivi Miroslav en région parisienne. Il était au chômage, il a pris le statut d’auto entrepreneur en mai dernier pour démarrer son activité, il assemble des ordinateurs pour les particuliers dans son salon. Mais cinq mois plus tard, il n’a tout simplement généré aucun chiffre d’affaires. Comme un auto entrepreneur sur deux en France. Car la plupart de ces nouveaux patrons se lancent du jour au lendemain sans faire d’étude de marché. Sandrine, guide-interprête, dénonce les pratiques d’une agence de voyage qui l’a obligé à prendre le statut d’auto entrepreneur. Stéphane était ambulancier en CDI, il raconte comment son ancien employeur lui a fait prendre se statut pour ensuite se séparer de lui du jour au lendemain. Jean-Louis Pérez démontre aussi lors d’un entretien d’embauche, comment un patron lui propose de l’inscrire lui même sur le site officiel du gouvernement. Ce statut d’auto entrepreneur n’était absolument pas précisé dans l’annonce trouvé sur le site de Pôle Emploi. Interrogé dans cette enquête, le créateur du régime de l’auto entrepreneur, l’ancien ministre Hervé Novelli, affirme que le statut est malgré tout un succès. Même si la moitié des auto entrepreneurs n’a généré aucune activité, et que le salaire moyen de ceux qui s’en sortent, est de moins de 800 euros par mois.