Coluche, un clown ennemi d'état
Première diffusion le 14 novembre 2011 sur France 3
En octobre 1980 , Coluche annonce qu’il va se présenter à l’élection présidentielle. « L’équipe de campagne » qui se forme est alors constituée de gauchistes ayant agité les années 70. Ce qui n’est d’abord qu’une farce ou un « coup de gueule » devient rapidement très sérieux…
Amis, soutiens, journalistes ou simples électeurs voient dans cette candidature « pour rire » un pied de nez aux candidats du système qui eux, ne semblent préoccupés que par leur propre destin..
Pourtant, cinq mois plus tard, malgré ses 16 % d’intentions de vote, le clown se retire mystérieusement. Il n’explique rien, mais il est visiblement secoué par ce qu’il a vécu..
Cette enquête documentaire retrace cette campagne improbable durant laquelle toute la classe politique se demande si il faut rire ou au contraire s’inquiéter de la popularité du phénomène Coluche. L’ex femme de l’humouriste, Véronique Colucci, son ami Romain Goupil, des politiques de droite comme de gauche racontent de l’intérieur, le raz de marée Coluche dans l’opinion et ses conséquences politiques..
En 1980, Coluche est accusé par le président Valery Giscard d’Estaing de « vouloir ridiculiser la république ». Il inquiète aussi l’entourage du candidat socialiste François Mitterrand. Le documentaire raconte comment le clown a reçu des menaces de mort signées « Honneur de la police », un commando qui avait revendiqué l’assassinat du gauchiste Pierre Goldman quelques mois auparavant..
Ce que l’on ne savait pas, c’est que les RG avaient aussi reçu pour mission secrète de décourager Coluche. Aujourd’hui, un policier des RG décrit cette opération. Des témoins racontent cette guerre secrète contre les opposants « gauchistes » ou perçu comme tels. Une guerre souvent hors des clous, avec des hommes musclés, des moyens illégaux, et une avalanche de coups tordus. Un combat tissé de manipulations et d’intimidations, qu’ont mené les pouvoirs gaulliste ou giscardien contre leurs opposants..
L’enquête démontre aussi que ces méthodes ont perduré jusqu’au début des années 90, avec l’exemple du cambriolage de l’association « SOS Racisme »..
Le phénomène « Coluche président » a, par sa forme et son originalité contribué à faire basculer la politique dans une ère nouvelle, celle du spectacle et de la communication.