Egypte : la révolutionnaire nue
Le 20 décembre dernier à Stockholm, Aliaa Magda Elmahdy manifestait nue devant l’ambassade d’Egypte en Suède avec deux militantes féministes Femen, pour protester contre l’intégration de la religion dans le projet de nouvelle Constitution du gouvernement de Mohamed Morsi. Sur son torse, Aliaa a écrit « La charia n’est pas une constitution ». C’est la première fois depuis son exil en Suède, qu’elle se montrait publiquement. En Egypte, la photo, ressentie comme une nouvelle provocation, a déclenché une vague de protestations.
Menacée de mort en Egypte par les islamistes, contestée par certaines féministes égyptiennes, lâchée par ses propres amis, Aliaa, 21 ans, a fui l’Egypte au printemps 2012. Elle avait posée nue sur son blog « Journal d’une rebelle » fin 2011 pour dénoncer l’hypocrisie autour du corps de la femme dans le monde arabe. Aliaa s’était prise en photo seule, nue avec une paire d’escarpins rouges et un nœud rouge dans ses cheveux.
Pour Arte Reportage, Sid Ahmed Hammouche, Patrick Vallélian et Pierre Toury sont allés à sa rencontre en Suède pour tenter de comprendre ses motivations et les difficultés des rapports hommes / femmes, et du harcèlement sexuel en Egypte. Ils ont enquêté au Caire sur son adolescence dans une famille conservatrice. Ils ont interrogé les adversaires les plus acharnés contre Aliaa, notamment un Egyptien qui a porté plainte pour exiger qu’elle soit déchue de sa nationalité. Enquête également à Paris et à Tel Aviv, auprès de féministes qui soutiennent Aliaa, comme ces 40 Israéliennes qui ont posé nues en solidarité avec la jeune Egyptienne.