Jeans à la mode, le prix à payer, deux ans après
Mehmet a 40 ans et c’est un homme en sursis. Il souffre de la silicose, un mal incurable qui a disparu d’Europe occidentale avec la fermeture des mines de charbon. Mais, dans ce quartier populaire d’Istanbul – où nous sommes retournés deux ans après notre premier reportage – les malades comme Mehmet se comptent aujourd’hui par dizaines. Tous se sont empoisonnés les poumons dans des ateliers clandestins de fabrication de jeans, petits sous-traitants de la grande industrie du jean. Victime de la mode, Mehmet était payé pour blanchir des pantalons à la chaîne en utilisant une technique de vieillissement accéléré du tissu – le sablage – une technique interdite dans l’Union Européenne. Il y a deux ans, nous avions raconté l’histoire de ces travailleurs du jean et suivi leur combat pour obtenir réparation. C’était le prix de leur propre vie qu’ils devaient alors négocier. Deux années ont passé. Les 5000 ouvriers turcs atteints de silicose ont-ils su se faire entendre ? Les grandes marques internationales du jean qui sous-traitent leur production en Turquie ont-elles accepté de les indemniser ? La technique du sablage est-elle toujours utilisée ?