La Poste, mort d'un service public ?
A partir de janvier 2011, La Poste sera confrontée à la concurrence des opérateurs postaux privés sur les lettres de moins de 50 grammes, après une situation de quasi-monopole. Avec 260 000 employés, La Poste est le plus gros employeur de France, après l’Education Nationale. Hier service public, La Poste a pris un autre statut, celui d’entreprise publique. La différence ? La Poste doit désormais être rentable. Les détracteurs de ce changement dénoncent une privatisation à marche forcée, avec des coupes trop franches dans le personnel et un management de plus en plus brutal. Pour Spécial Investigation, Jean-Louis Pérez a enquêté pendant cinq mois auprès des personnels de La Poste. Il a rencontré des facteurs, des guichetiers, des commerciaux, des cadres… Dans toutes les filiales et tous les services du groupe La Poste, de nombreux agents affirment être en souffrance et ne pas supporter les changements rapides de l’entreprise. Sophie, factrice a Paris affirme faire de nombreuses heures supplémentaires chaque semaine sans être payée davantage. Patrick, cadre dans un centre de tri près d’Orléans, avait pour consigne d’être impitoyable avec les postiers du centre. Il a refusé et pour cette raison, il affirme avoir été mis sur la touche. Traumatisé par les nouvelles méthodes de management l’entreprise, Patrick est aujourd’hui en arrêt maladie. Il a même pensé à se suicider sur son lieu de travail. Grégory 33 ans, était facteur en Alsace. Il s’est donné la mort au printemps dernier. Trop de travail, manque d’écoute de sa hiérarchie expliquent ses collègues. La mère Grégory aimerait que La Poste reconnaisse une part de responsabilité dans la mort de son fils. Un rapport du « Syndicat Professionnel des médecins de prévention de La Poste » qui regroupe près de 70% des médecins de l’entreprise, a même écrit au président du groupe, Jean Paul Bailly sur le sujet de la souffrance au travail, et tire la sonnette d’alarme sur des suicides et des tentatives de suicide.