Mort sociale, jeunesse de France
En REPLAY sur LCP.fr
Une coproduction Premières Lignes LCP-Assemblée nationale
La misère est protéiforme, de nos jours elle impacte la jeunesse comme jamais.
Les crises sanitaire et sociale affectent et stigmatisent le parcours des jeunes, qu’ils soient étudiants ou apprentis. Dans un monde où l’emploi se dégrade, ils ont des difficultés de logement, de santé, d’insertion. Des difficultés de vie. Certains se résignent, d’autres font comme ils peuvent.
Une catégorie est particulièrement vulnérable, les jeunes issus des milieux populaires. Leur pauvreté est liée à leur milieu social, des jeunes peu diplômés, affrontant des difficultés pour s’insérer dans le monde du travail. Ils ne font que survivre, recevant de bas salaires.
Ce film se déroule sur plusieurs mois de tournage auprès de jeunes âgés de 18 à 25 ans dans la périphérie d’une grande ville de l’Est de la France. Ils vivent en dehors des radars.
Aborder sans filtre aucun. Décrire la descente en misère, la dépression de jeunes femmes, de jeunes hommes. Leur absence d’avenir. Bernie Bonvoisin les écoute, sans juger, à hauteur de la violence qu’ils ressentent, qu’ils subissent désespérément dans le vestiaire de leur mort sociale. Et il confronte leur réalité à des responsables, universitaires, politiques et professionnels de santé.
Les jeunes protagonistes du documentaire (textes de Bernie Bonvoisin)
Pierre est en seconde année de biologie. A l’heure on l’on nous vante le progrès et la 5G il a dû quitter le domicile parental situé en zone blanche, afin de poursuivre ses cours en distanciel. Il s’est tapé un mois de confinement dans ce cadre idyllique de 9m² et a fini par péter un câble. Il a pris cher Pierre.
Laura et son amie Margot sont toutes les deux en L2 d’Histoire Géo. Elles étudient pour ensuite devenir enseignantes. Laura dirige le cercle des étudiants d’histoire créé dans les années 60. Elle clame haut et fort de faire partie des 11% d’enfants ouvrier ayant accès aux études supérieures. 11%. 11% ça doit être ça l’égalité des chances.
Sébastien est en L3 de droit. L’enfer, chez les jeunes, chacun le vis et l’aborde à sa manière. Sébastien a un couperet bancaire au-dessus de la nuque. La vie est devant mais il passe son temps à regarder derrière.
Logan est étudiant en lettres. Nous nous sommes assis sur un banc, car il faut être assis pour l’entendre, entendre le détestable, l’inconcevable.
Alpha, réfugié guinéen, il est le quart monde. Chez lui l’exil n’a rien d’une humeur vagabonde, il l’a mérité sa ration de soulagement. Alpha voue une vénération pour la survie, en cette France si lointaine et froide comme une tombe.
Note du réalisateur Bernie Bonvoisin
La guerre, nous sommes en guerre nous affirme-t-on en boucle. Guerre contre le terrorisme, la drogue, l’insécurité, la pandémie et la pauvreté. Cette formule n’est en fait qu’un leurre. Elle n’est que le reflet de l’incapacité de ceux qui nous gouvernent. Être en guerre, est l’aveux de leur impuissance, face à la dérive de ce monde et de ses plaies.
Chez nous elle est en marche la pauvreté du millénaire. Ma France suinte la misère dans toutes ses villes et baisse les yeux, c’est plus pratique.
Je suis une génération où on a osé oser, et j’avais de sérieux doutes sur la volonté d’être de cette jeunesse que je pensais à tort indolente et désinvolte. Ils ont soif de savoir, d’apprendre, ils ont fait de la pauvreté une solidarité.
La jeunesse française est en désespérance, ses espoirs fracassés quand le drame de l’indifférence nous fait regarder ailleurs. L’abandon mène irrémédiablement à la mésestime de soi quand le sol se dérobe sous les pieds de ceux qui sont confrontés au poison de l’indifférence. Une génération est en totale détresse.