Taïwan : l'île assiégée par le géant chinois
C’est l’une des démocraties les plus avancées de la planète, mais l’une des plus menacées aussi.
Avec ses 23 millions d’habitants, Taïwan est une île où il fait bon vivre. Une femme a été élue à la présidence pour la deuxième fois en 2020, la liberté de la presse et des réseaux sociaux est respectée, le mariage homosexuel admis, le droit de manifester acquis et son économie est au firmament. Taïwan a donc tout pour plaire. Pourtant, jamais la guerre n’y a été aussi proche. En cause : la Chine située juste en face, à quelques kilomètres des côtes. Pékin n’a jamais reconnu Taïwan et la considère, depuis 1949, comme une province chinoise. Aujourd’hui, plus que jamais, le régime autoritaire veut remettre la main sur la petite île et la faire revenir dans son giron, quitte à employer la force.
Bien décidée à ne pas se laisser absorber par le frère-ennemi de toujours, Taïwan résiste comme elle peut. Augmentation du budget militaire, grandes manœuvres, démonstration de force des unités d’élite, la petite île déploie tous les moyens pour dissuader l’Empire du Milieu d’une quelconque attaque. Mais, à l’opposé de cette attitude belliqueuse, elle dispose surtout d’une botte secrète pour tenir à distance la Chine : faire le dos-rond. Ainsi Taïwan accepte de ne pas prononcer le mot fatidique qui mettrait le feu aux poudres : indépendance. Un choix politique qui permet au business de battre son plein mais qui coûte cher. Aujourd’hui, aucune grande puissance mondiale ne reconnaît ce « pays » et Taïwan a beau être une des économies les plus florissantes de la planète, c’est comme si elle n’existait pas.
Cette situation paradoxale, une partie de la population taïwanaise ne la supporte plus. Alors, malgré un rapport de force disproportionné entre la Chine et Taïwan, les jeunes notamment disent être prêts à entrer en guerre contre leur puissant voisin. Manifestations pro-indépendance, luttes contre l’ingérence chinoise, certains vont tellement loin qu’ils le paient même de quelques balles dans le corps.
Même si aujourd’hui, la majorité des Taïwanais ne souhaitent pas l’indépendance et préfèrent ne pas froisser la Chine, le fossé se creuse néanmoins entre Taipei et Pékin. Au sein de la capitale taïwanaise, une démocratie ultra transparente se met en place grâce à des outils participatifs révolutionnaires et surtout grâce à la ministre du Numérique, la seule ministre transgenre au monde. De quoi bien énerver le président chinois, Xi Jinping, qui vient de mettre au pas Hong-Kong et aimerait en faire autant avec Taïwan.
Entre un businessman qui prône une allégeance courtoise vis-à-vis de Pékin et un ancien membre d’un Gang devenu pro-indépendantiste, entre une ministre transgenre et un député rocker : enquête sur Taïwan, le seul endroit au monde qui résiste encore à la Chine.