Ukraine : condamnation définitive d'une Fake News
L’arrêt est définitif. Toutes les instances de la justice française se sont prononcées, de la 17ème chambre correctionnelle à la Cour de Cassation. Le 18 juin 2019, l’auteur d’un article mensonger du « Comité Ukraine » est condamné pour avoir diffamé le journaliste Paul Moreira.
L’article avait été écrit par la porte-parole du groupe Euromaïdan, Anna Chesanovska. Elle avait travaillé quelques jours comme traductrice pour l’enquête sur les milices nationalistes : « Les masques de la révolution », diffusée sur Canal+ en 2015. Anna Chesanovska avait traduit les interviews de deux leaders néo-nazis. Le chef de la brigade Azov, Andreyi Biletsky. Et un député du « Parti Radical », Igor Moïssichuk, une figure de l’extrême-droite musclée qui avait torturé des opposants devant les caméras et posté les vidéos sur You Tube.
Durant les trois jours où elle était venue apporter un renfort à la traduction, Anna Chesanovska avait exprimé une admiration enthousiaste pour ces deux hommes. Elle fut un peu déçue par le documentaire. Elle ne fut pas la seule. L’ambassade d’Ukraine en a demandé la déprogrammation à Canal+. Les réseaux liés aux nationalistes ukrainiens ont mobilisé tous leurs soutiens, chez les militants, trolls, « experts » ou journalistes amis.
Une petite tempête a déferlé sur internet visant Paul Moreira. Principalement sur les réseaux sociaux. Des critiques de quelques journalistes couvrant la région, d’autant plus violentes qu’ils avaient maintenu dans l’ombre des évènements mis en lumière dans le documentaire, notamment le massacre d’Odessa. 43 civils brûlés vifs par des milices nationalistes ukrainiennes. La plupart de ces attaques aussi outrées soient-elles, sont restées dans les limites du débat polémique.
En revanche, le blog « Comité Ukraine », auréolé d’une réputation de sérieux, a publié un texte volontairement mensonger. L’article d’Anna Chesanovska accourait en défense des deux chefs de milice et affirmait que Paul Moreira avait manipulé sciemment leurs interviews afin de les faire passer pour des « bêtes féroces ». Son attaque avait les apparences de la révélation puisqu’elle avait participé à l’équipe, elle se targuait d’un statut de témoin. Mais ce qu’elle affirmait était tout simplement faux.
Selon les règles déontologiques que nous nous imposons quels que soient nos interlocuteurs, les questions étaient franches mais ils avaient pu se défendre sans que leurs propos soient tronqués. C’était vérifiable en regardant simplement le documentaire. Renaud Rebardy, l’un des gestionnaires du blog « Comité Ukraine », a été alerté. Les citations exactes lui ont été envoyées. Nous lui avons demandé de regarder par lui-même et de rétablir les faits.
L’honneur et l’honnêteté de nos collaborateurs étant mises en cause, nous avons alors, avec l’accord de Paul Moreira, décidé de porter plainte en diffamation contre l’auteur de l’article. La justice a examiné les faits et tranché.
Quatre ans après, le « Comité Ukraine » n’a toujours pas corrigé l’article. Nous déplorons cette absence totale de déontologie de la part d’un blog hébergé par le journal Libération. La justice a alloué la possibilité de publier un communiqué judiciaire rétablissant la vérité. A ce jour, le journal Libération refuse de nous vendre un espace pour le publier dans ses colonnes.
Communiqué Premières Lignes – Paris, 1er juillet 2019